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Mar 26, 2021
En Guinée, Hawa Diarra est à la tête d’un garage auto et d’une entreprise spécialisée dans la vente d’accessoires pétroliers. Elle a suivi un séminaire d’IFC et dit avoir apprécié l’accent mis sur le contrôle qualité et la réactivité.
Lydia Toiko, propriétaire d’une entreprise de construction au Kenya, a elle aussi participé à un séminaire d’IFC, qui lui a surtout appris à renforcer sa visibilité dans un milieu très fermé et dominé par les hommes.
Elles figurent toutes les deux parmi les cheffes d’entreprise qui ont bénéficié d’un programme de soutien aux femmes entrepreneures organisé par IFC et le Canada en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée et au Kenya. L’objectif ? Les doter des compétences nécessaires pour tirer parti des débouchés commerciaux offerts par les investissements à grande échelle dans les infrastructures et les ressources naturelles.
Améliorer la compétitivité des entreprises féminines en Afrique revêt en outre une importance cruciale à l’heure où la pandémie de COVID-19, qui menace d’effacer plusieurs décennies de progrès économique dans les pays en développement, condamne des millions d’individus à replonger dans la pauvreté et touche plus durement les femmes. C’est aussi la clé d’un avenir meilleur en Afrique : dans cette région qui affiche des taux d’entrepreneuriat parmi les plus élevés du monde, les femmes sont plus susceptibles que les hommes d’embrasser une carrière d’entrepreneur.
Malgré ce dynamisme, les profits des entreprises féminines en Afrique sont en moyenne inférieurs de 34 % à ceux des structures dirigées par des hommes. Une fracture qui s’explique notamment par des connaissances entrepreneuriales insuffisantes, des choix sectoriels pénalisants et un accès limité aux capitaux. Mis en place dans quatre nations africaines riches en ressources naturelles, le programme Canada-IFC vise précisément à résoudre un certain nombre de ces difficultés en permettant aux femmes d’acquérir les compétences entrepreneuriales, les capacités de leadership et les avantages concurrentiels qui sont les clés du succès commercial. Tous ces aspects sont essentiels pour permettre aux entreprises féminines de rivaliser avec la concurrence et d’obtenir des contrats, mais aussi d’accéder aux financements nécessaires à leur croissance.
Le programme est conçu pour encourager les femmes entrepreneures en leur donnant les moyens de développer une activité dans des secteurs traditionnellement masculins et généralement plus lucratifs. Selon une récente étude mondiale, les entreprises opérant dans des secteurs tels que la construction, le magasinage, la réparation ou le transport génèrent en effet des chiffres d’affaires bien supérieurs à ceux enregistrés dans des secteurs dominés par les femmes, comme le commerce de détail, l’hôtellerie ou les services sociaux.
Au Kenya, la perspective de nouveaux débouchés et de revenus plus élevés a poussé Lydia Toiko à monter une entreprise de construction. Avec le boom des investissements dans le comté de Turkana, l’entrepreneure a su anticiper les fortes possibilités de gains offertes à des fournisseurs locaux qualifiés. Nutritionniste de formation, elle travaillait dur, mais ses revenus ne suivaient pas. Elle a donc décidé de passer à la vitesse supérieure : son entreprise, Loteteleit Company Ltd, a vu le jour en 2014. Elle fait partie du petit nombre d’entreprises de construction dirigées par des femmes au Turkana, comté le plus pauvre du pays où les taux d’alphabétisation sont extrêmement faibles, en particulier dans la population féminine.
“Au Turkana, il est très difficile pour les femmes de détenir des titres fonciers ou d’actifs nécessaires pour accéder au financement. Pour réussir, surtout en tant que femme, vous devez être forte, résiliente et avoir une grande tolérance au risque. Vous devez faire preuve d’esprit critique, savoir résoudre les problèmes et posséder des compétences en communication.”— Lydia Toiko, fondatrice Loteteleit Company LTD, Kenya
Après avoir assisté à un séminaire de marketing et de communication organisé par IFC, elle a travaillé son image de marque, développé son matériel promotionnel et accru sa présence sur les réseaux sociaux. Soit autant d’éléments qui ont permis d’accroître la notoriété de son entreprise et de faire connaître ses compétences et points forts, avec à la clé l’obtention de contrats : Loteteleit remporte désormais des appels d’offres pour la construction de routes et de réservoirs d’eau, raflant la mise à des entreprises dirigées par des hommes. Sa dirigeante, qui se réjouit d’avoir pu embaucher plus d’employés temporaires, espère développer l’entreprise pour être en mesure de recruter du personnel à temps plein et créer ainsi de nouveaux emplois dans une région qui en manque cruellement. Elle prévoit également de proposer des postes d’apprentissage, à destination des femmes en particulier, afin de développer le vivier local de travailleurs qualifiés.
En Côte d’Ivoire, la confrontation de ses rêves d’entrepreneure avec la réalité de la gestion d’une entreprise a constitué un tournant décisif pour Marie-Anne Assanvo. Les leçons tirées d’un programme de six mois combinant formation commerciale et coaching individuel ont amené cette linguiste talentueuse à repenser entièrement sa vision de l’entrepreneuriat. La traduction est un secteur des services en plein essor en Côte d’Ivoire, où l’investissement étranger est à l’origine d’une forte demande de professionnels maîtrisant un vocabulaire multilingue spécialisé. Forte de ses compétences linguistiques, Marie-Anne Assanvo crée son entreprise, qui se soldera par une faillite. Avec le recul, elle attribue cet échec à son manque de connaissances entrepreneuriales et à la difficulté de trouver un créneau dans un marché déjà encombré et qui plus est dominé par des entreprises masculines.
“Pour une femme qui dirige une entreprise dans un domaine dominé par les hommes, être bon ne suffit pas. Il faut être excellente. La formation de l’IFC m’a appris à m’appuyer sur mes points forts et m’a donné les compétences qui me manquaient pour que je puisse devenir la meilleure version de moi-même.”— Marie Anne Assanvo, fondatrice Myrhann Traductions, Côte d’Ivoire
Pour son nouveau projet, Myrhann Traductions, lancé en 2018, elle innove : celle qui a passé des heures dans les embouteillages pour récupérer et livrer des documents à ses clients propose des services de traduction numériques — une première en Côte d’Ivoire. Le programme de formation et d’accompagnement financé par IFC lui a ouvert les yeux, explique-t-elle : elle a pris conscience des éléments qui font le succès d’une activité commerciale, à savoir la planification, la budgétisation, le marketing et les stratégies de prix. « Si j’avais su alors ce que je sais aujourd’hui, je ne pense pas que j’aurais échoué dans ma première tentative », confie-t-elle.
En Guinée, l’importance de la qualité de l’offre et du service clientèle pour faire la différence avec la concurrence constitue, pour Hawa Diarra, le principal enseignement du programme de soutien d’IFC. Avec à son actif un diplôme supérieur en commerce et une expérience professionnelle dans la vente de produits pétroliers, la jeune femme était déjà bien armée. Elle a cependant beaucoup appris et changé d’approche en participant à un séminaire plus poussé sur le contrôle de la qualité, organisé dans le cadre d’un programme de renforcement des capacités pour les PME inscrites à la Bourse guinéenne de sous-traitance et de partenariat. Le souci constant de la qualité, du service clientèle et du professionnalisme permet à son entreprise de se distinguer dans un secteur, celui de la réparation automobile et de la vente d’accessoires, où ces qualités ne sont pas répandues. « Je n’ai pas peint mon garage en rose, mais on peut quand même deviner que c’est une femme qui est aux manettes tellement tout est bien rangé et organisé ! », plaisante-t-elle. Gros acheteurs commerciaux ou automobilistes : les clients sont au rendez-vous, propulsant la croissance des revenus du garage et les projets de modernisation.
“Nous devons changer les mentalités selon lesquelles les femmes ne peuvent pas faire de choses techniques. Bien sûr qu’elles le peuvent, mais elles ont besoin de formation et d’encouragement.”— Hawa Diarra, fondatrice Garage Auto HR, Guinée
Au Ghana, le renforcement des modèles économiques et l’amélioration des performances font partie des bénéfices mis en avant par les cheffes d’entreprise bénéficiaires du programme Canada-IFC. Dans l’ouest du Ghana, le fournisseur d’eau potable Western Global Technologies s’est emparé de près de 75 % du marché de Sekondi-Takoradi, la capitale de la région, avec son eau minérale Global Splash. Une conquête récente que sa présidente Cynthia Ann Dumako attribue aux apports des cours de gestion d’entreprise et des services de conseil dont elle a bénéficié grâce au programme. Ces enseignements concernent notamment le renforcement de la gouvernance d’entreprise et du rôle du conseil d’administration, l’amélioration de la gestion des relations avec les clients et la réduction des coûts. En donnant la priorité à la mise en place de politiques de ressources humaines inclusives, à l’instar de l’instauration d’un congé de maternité rémunéré, l’entreprise a été mieux en mesure de retenir sa main-d’œuvre féminine, ce qui a permis de réduire le taux de renouvellement du personnel et d’accroître la productivité.
“J’avais un profil de comptable, mais la formation de l’IFC m’a fait comprendre que j’avais encore beaucoup à apprendre sur la façon de gérer les opérations d’une entreprise.”— Cynthia Ann Dumako, directrice des opérations Western Global Technologies, Ghana
L’expérience de ces quatre femmes, parmi des milliers d’autres entrepreneures, témoigne de l’impact positif profond d’un programme de soutien finement ciblé. Elle montre aussi le potentiel et la force collective que recèlent les PME dirigées par des femmes pour soutenir la reprise des économies locales après la pandémie.
Avec la participation de: Ekoue Henri Rene Ahyite, Fatoumata Bah, Joel Andre Colomb, Brigid Commey, Bintou Kaba, Fatoumata Binta Keita, Ann Moline, Purity Wanjira Ndereba, Gosia Nowakowska-Miller, Valerie Prassl
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